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Dans le bureau de Gilles, d’immenses écrans de modélisation 3D dominent l’espace. Il est le spécialiste de la modélisation des données du bâtiment, ou Building Information Modeling (BIM). Avant de se lancer dans la construction de nouvelles infrastructures, les CFL produisent des maquettes 3D qui intègrent toutes les données possibles et facilitent ensuite le travail de chantier. Explications.

Sur l’écran s’affiche une reconstitution à l’échelle en 3D du Viaduc de Pulvermühle, sa structure ancienne de pierre complétée par une toute nouvelle charpente métallique tubulaire. Gilles s’amuse à zoomer sur un élément précis et fait s’afficher les données volumétriques. Le BIM, c’est son terrain de jeu. « Il n’y a qu’aux CFL que je peux en faire ma pratique sur des projets d’aussi grande ampleur, aussi complexes et innovants, dit-il. Ici, je peux mettre à profit tout à la fois mes compétences d’architecte et d’ingénieur, ainsi que mon côté geek informatique. »

Architecte un jour, architecte toujours

Dans sa bibliothèque, notre œil remarque de nombreux livres d’architecture et de génie, témoignant de son passé d’architecte touche-à-tout. Après un baccalauréat technique en génie civil, il a intégré le Master « Architecture et Complexité » à l’École d’architecture de Strasbourg, où il s’est intéressé aux architectures façonnées par les guerres du passé. Un choix tout naturel : il s’intéressait à l’architecture depuis l’enfance, sa famille travaillant en partie dans les travaux publics.

On aperçoit un casque de chantier sur une étagère. Gilles a toujours aimé faire un travail d’architecte polyvalent, se plaisant autant à travailler sur les logiciels de modélisation que directement sur le terrain. En agence à Mulhouse, il s’assurait de prendre en charge tous les aspects d’un projet, de la table à dessin jusqu’à la coordination du chantier.

Homme de terrain

« J’adore être sur le terrain. C’est passionnant de voir s’édifier les projets qu’on a dessinés et de mesurer concrètement le savoir-faire de chaque artisan », dit Gilles. Aux CFL, il ne déroge pas à cette bonne habitude de fréquenter les chantiers, autant que faire se peut. « On ne peut pas faire de modélisation sans une compréhension intime et concrète des métiers de la construction et du bâtiment », tranche-t-il.

Sur le coin du bureau traîne le guide d’application du BIM au Luxembourg, dont Gilles est l’un des rédacteurs. Au fil des ans et de ses expériences de BIM Manager en France et au Luxembourg, Gilles s’est passionné pour ces maquettes numériques aux possibilités infinies, contenant de nombreuses données et transformant profondément les façons de travailler. « Je suis passionné depuis l’université par l’amélioration des processus, et le BIM est ce qui se rapproche le plus d’un processus idéal. »

Le BIM pour les nuls

Pour mieux nous expliquer en quoi consiste le processus BIM, Gilles nous fait le récit d’un grand projet sur lequel il a récemment travaillé : la conception du bâtiment Park&Rail Bascharage-Sanem. Prévu pour 2023, ce gros bâtiment de parking situé à côté de la gare routière est l’un des premiers ouvrages conçus en utilisant le processus BIM aux CFL depuis l’entrée en poste de Gilles en 2018.

Unis dans un grand processus collaboratif de conception et de planification de la construction de l’infrastructure, les architectes, ingénieurs électricité, ingénieurs stabilité et autres intervenants ont fusionné leurs maquettes et travaillé sur la même plateforme. « C’était comme construire le bâtiment en 3D avant de le construire sur le chantier », résume Gilles.

Plus qu’une simple maquette

Il ne s’agit pas simplement de modélisation 3D. « C’est un processus plus complet qui permet de créer un objet virtuel représentatif de la construction, de ses caractéristiques géométriques et des propriétés de comportement», précise notre expert BIM. La maquette renseigne par exemple sur les propriétés physiques et mécaniques des infrastructures. Les données et calculs intégrés permettent de générer des designs d’une grande exactitude, notamment par « design génératif ».

« La vision en 3D des éléments nous permet de voir de nombreuses choses qui nous échapperaient sur un plan en 2D, et d’ainsi éviter des erreurs de conception qui ont des conséquences très fâcheuses sur le chantier », résume Gilles.

Le projet Park&Rail Bascharage a permis de tester un processus BIM de « niveau 3 », c’est-à-dire que les équipes ont travaillé en temps réel sur une seule et même maquette 3D, plutôt que de fusionner les maquettes individuelles de chacun comme on le ferait dans un projet BIM de niveau 2. « Ça démultiplie les communications, qui sont alors plus efficaces, en simultané et en direct. »

Le jumeau numérique

Le BIM peut aussi avoir d’autres usages et être utilisé pendant tout le cycle de vie de l’infrastructure, comme dans le cas du Viaduc de Pulvermühle. Après la rénovation du viaduc, l’équipe de Gilles en a reconstitué la maquette 3D pour conserver les données, créant un « jumeau numérique » dans lequel sont stockées toutes les informations techniques pouvant servir lors de futures interventions sur l’infrastructure. La maquette inclut les voies ferroviaires adjacentes, les caténaires et les poteaux : il ne s’agit plus seulement de bâtiment.

« Les jumeaux numériques, c’est l’avenir », lance Gilles avec enthousiasme. À long terme, toutes les voies ferroviaires du réseau luxembourgeois auront leurs jumeaux numériques. « Je ne manquerai pas de travail, la création des jumeaux numériques est un vaste et passionnant projet ! »

Dessiner le paysage

Avec ses maquettes numériques sophistiquées, Gilles dit s’amuser comme un enfant avec ses trains miniatures. Littéralement. « C’est cliché, mais, quand j’étais petit, je faisais des maquettes ferroviaires. Je pense que, déjà, ce qui m’intéressait, au-delà des wagons et des locomotives, c’était l’entièreté des infrastructures, le caractère hors échelle de tout cela. J’aime comment le train dessine un paysage industriel et façonne tout un réseau d’infrastructures. »

Si vous êtes comme Gilles et rêvez de contribuer à dessiner le paysage luxembourgeois, n’hésitez pas à envoyer votre candidature : www.jobscfl.lu.