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Alors que le métier de cheminot a connu une évolution considérable au cours des dernières décennies, il a su simultanément se réinventer en adoptant les nouvelles technologies dans le domaine de la formation. Cette approche a non seulement rendu le métier de conducteur de trains encore plus passionnant, mais l’a aussi résolument tourné vers l’avenir. Rencontre avec Feliciano, responsable de la cellule formation conduite aux CFL.

Feliciano, peux-tu nous retracer brièvement ton parcours au sein des CFL ?

J’ai rejoint les CFL en 1999, dans le but de devenir conducteur de trains. Mais avant de passer aux commandes d’une locomotive, j’ai suivi une formation de 27 mois, afin de me préparer aux réseaux étrangers et à la maîtrise des engins à moteur. Finalement, j’ai été promu conducteur de trains entre 2001 et 2002. Peu après, j’ai été formé pour acheminer du fret en direction de la Suisse, ce qui était une occasion unique pour nous à l’époque. J’ai opéré sur cette ligne jusqu’à la fin de son exploitation par nos soins en 2010.

Tu opérais également sur des trains de voyageurs ?

À l’époque, je transportais aussi bien des passagers que des marchandises, sans distinction. La séparation est survenue plus tard suite à une directive européenne qui a mené à la création de CFL cargo. En général, ma journée était soit consacrée au transport de marchandises, soit au transport de passagers, et en quelques rares occasions, aux deux.

Et comment as-tu basculé dans ton rôle actuel de formateur ?

En 2010, j’ai ressenti le besoin de relever un nouveau défi. Avec près de 12 années d’expérience dans un domaine qui me passionnait, je me suis demandé comment je pouvais transmettre cette passion à la jeune génération. Je ressentais le besoin de partager mon enthousiasme, mes connaissances… C’était évident pour moi ! J’ai alors passé l’examen pour devenir préposé.

« Je me concentre plus particulièrement sur les moyens d’améliorer le processus de formation en utilisant la technologie de manière réfléchie. »

Et tu as intégré l’équipe de formation…

Oui exactement ! À l’époque j’étais confronté à un choix entre formation et coaching. Finalement, j’ai opté pour la formation. Travailler avec des nouveaux employés m’a permis de repartir à zéro et de me sentir plus à l’aise dans mon rôle. J’étais captivé par le défi d’enseigner aux jeunes, aux novices de tout âge et de toute formation. J’ai exercé cette profession passionnante pendant sept ans jusqu’à ce qu’un poste de responsable de formation se libère. C’était une nouvelle opportunité de faire évoluer ma carrière et de passer de formateur à responsable de formation de conduite, ce que je fais maintenant depuis cinq ans. Actuellement, je suis moins impliqué dans les formations à proprement parler. Je me concentre plus particulièrement sur les moyens d’améliorer le processus de formation en utilisant la technologie de manière réfléchie.

Justement, j’ai eu l’occasion d’assister à la formation d’une recrue sur simulateur. Les conditions semblent vraiment très réelles !

C’est un outil incroyable qui permet de reproduire des situations de conduite auxquelles les conducteurs risquent d’être confrontés : passage de gibier, véhicule bloqué sur les voies, signal défaillant, etc.

Et l’évolution logique de l’outil de simulation, c’est la VR ?

Oui et non (rires) ! Je dirais que la réalité virtuelle est un outil complémentaire aux méthodes de formation existantes, et qui offre une immersion efficace sans les coûts et la logistique associés. De nos jours, bloquer une locomotive une journée entière pour un groupe en apprentissage est devenu très compliqué. Alors évidemment la VR (Virtual Reality) ne remplace pas la formation en présentiel, mais elle est parfaitement adaptée à certains domaines. Je pense notamment à l’étude d’un système de freinage, comment attacher un train, etc.

Sans oublier que lorsque vous travaillez en groupe à l’extérieur, cela peut être bruyant… et dangereux. Heureusement, avec la réalité virtuelle, les stagiaires disposent d’une formation individuelle leur permettant de mieux maîtriser leur tâche. Vous pouvez travailler avec votre formateur en tête-à-tête pour mieux comprendre les missions que vous allez devoir accomplir. Cela permettra de vous offrir une formation plus personnalisée et d’éviter les erreurs potentielles lors de votre stage pratique.

Et accessoirement, toutes ces nouvelles technologies apportent un attrait supplémentaire dans le processus de recrutement des conducteurs de trains.

« On est très loin de la locomotive à vapeur. De nos jours, il faut être prêt à gérer un ordinateur de bord avant tout ! »

Justement, la notion d’attractivité est étroitement liée à l’évolution des outils de formation ?

Les nouvelles technologies attirent les jeunes, c’est indéniable ! Et nous sommes à la recherche de candidats prêts à évoluer dans un métier qui ne cesse de progresser. Bien que le métier de conducteur existe depuis très longtemps, il s’est largement modernisé. On est très loin de la locomotive à vapeur (rires). De nos jours, il faut être prêt à gérer un ordinateur de bord avant tout !

Un basculement technologique qui vient favoriser le recrutement auprès des jeunes donc ?

De nos jours, les jeunes cherchent à s’épanouir ailleurs que dans leur métier en priorité. Ils changent de carrière plus souvent qu’il y a 20 ans. Heureusement, les machines deviennent de plus en plus avancées technologiquement, ce qui facilite la prise en main pour les jeunes générations.

Avant, la technologie évoluait plus lentement et les machines étaient bien moins sophistiquées, datant même des années 70. Les jeunes habitués aux ordinateurs modernes peuvent avoir des difficultés à utiliser ces vieilles machines… Mais heureusement, les nouveaux modèles offrent une expérience de conduite agréable et intuitive.

Une évolution technologique qui vient également faciliter la gestion des tâches quotidiennes ?

La conduite se fait toujours de manière manuelle. Cependant, lorsque des situations critiques se présentent, comme des pannes par exemple, nous avons des aides. Nous disposons de guides numériques, ce qui rend la recherche des pannes plus facile.

Pour en revenir à la VR, comment s’est effectué le choix de son intégration au sein des CFL ?

Nous avons découvert la réalité virtuelle lors d’une foire de formation en Allemagne, où la DB (Deutsche Bahn) présentait un module de VR pour former les jeunes sur des postes d’aiguillage manuels. Nous avons pris contact avec les formateurs de la DB et leur avons proposé de venir au Luxembourg pour faire une présentation. Depuis, Gilles, notre responsable projet, s’occupe de la mise en place de nouveaux scénarios en VR. Il fait le lien entre nos besoins et le management, envisage les coûts et gère les budgets.

Et les modules destinés aux CFL sont développés en interne ?

Nous avons établi un partenariat avec la DB afin de développer des modules de formation en VR en collaboration. Cela signifie que chaque fois qu’un module est développé pour nous, il l’est également pour la DB. Nous personnalisons simplement les modules avec nos logos respectifs, mais la structure de base est la même. Nous essayons de créer des sujets de formation qui intéressent les deux parties, tels que l’accrochage de véhicules ou l’isolement de systèmes de freinage, etc.

« L’humain est et restera indispensable dans notre activité, il y aura toujours un conducteur dans la cabine de nos trains, et il aura toujours un rôle essentiel. »

Peut-on imaginer la VR prendre le pas sur le « pilotage » manuel ?

C’est déjà potentiellement faisable… Ce qui m’impressionne le plus à l’heure actuelle, ce sont les systèmes de caméras qui remplacent les rétroviseurs des poids lourds par exemple. Les conducteurs peuvent voir ce qui se passe sur un écran plutôt que de tourner la tête. Mais pour ma part, j’ai tendance à penser que l’humain est et restera indispensable dans notre activité, il y aura toujours un conducteur dans la cabine de nos trains, et il aura toujours un rôle essentiel.

En terme opérationnel, quels sont les futurs modules que tu souhaiterais mettre en place dans les années à venir ?

Nous travaillons actuellement avec un prestataire externe afin d’acquérir le poste de conduite des nouvelles automotrices 2400 et digitaliser nos formations dans une approche toujours plus « virtuelle ». Cela nous permettra de former notre personnel sans qu’ils n’aient besoin de se déplacer sur l’engin. Les besoins évoluent constamment, et nous sommes toujours à l’affût des changements de marché qui pourraient influencer nos choix de produits et conditionner nos techniques de formation.

Quelles sont les évolutions à attendre pour l’avenir en termes de formation ?

Dans notre processus d’apprentissage, on est en train de développer des outils pour faciliter l’assimilation de la matière. Actuellement, la formation en présentiel est la norme, mais on travaille à développer des examens et des tests digitaux pour permettre aux apprenants de s’auto-contrôler à distance. On utilise des petits questionnaires et des exercices pour évaluer leur compréhension. De plus avec notre Virtual Learning Developer, on explore la création de mondes virtuels à travers des « serious games », qui permettent aux stagiaires de participer à des activités interactives basées sur des photos et des suites de processus. Ces outils modernes d’apprentissage nous permettent de former plus efficacement les apprenants du futur, sans limites géographiques.

« Choisir de devenir conducteur de trains, c’est faire le choix d’une profession tournée vers le futur et les technologies avancées. »

Quel conseil donnerais-tu à un jeune qui souhaiterait se former au métier de conducteur de trains ?

Choisir de devenir conducteur de trains, c’est faire le choix d’une profession tournée vers le futur et les technologies avancées. La formation de conducteur de trains a connu une révolution passionnante grâce à l’utilisation de la réalité virtuelle. Cette technologie offre une expérience immersive unique pour se familiariser avec la cabine d’un train, maîtriser les commandes et les procédures de conduite, et même apprendre à gérer des situations d’urgence ou imprévues avant de prendre les commandes d’un véritable train.

Si vous aussi, vous désirez faire l’expérience de cette nouvelle ère de la formation des conducteurs de trains en réalité virtuelle, rendez-vous sur jobscfl.lu

Chaque jour dans les trains des CFL circule une quantité phénoménale d’informations à l’intention des voyageurs, sous forme d’annonces acoustiques et de téléaffichage. Derrière ce système d’information fluide et automatisé se cache une machinerie complexe que nous dévoile Tom, l’un des grands orchestrateurs de cette imposante chorégraphie de données.